Première page de l’expédition d’ébullitions en Israël et en Palestine qui durera 10 jours. Romi Shamai, bulleur Israëlien nous a invité à venir participer au Festibubbles qu’il organise avec le musée scientifique Bloomfield de Jérusalem du 8 au 10 mars. Bien sûr qu’on voulait y être !!!
Un partenariat s’est construit entre ébullitions et les Centres Culturel Français de Jérusalem ouest, Jérusalem est, Gaza et l’Alliance française de Bethléem. En préparant notre voyage, il nous semblait évident à tous les trois que nos bulles allaient traverser Israël et la Palestine. Enfin, comme un beau voyage se partage, nous avons invité à se joindre à nous Benoît Cassegrain, notre cher ami photographe qui immortalise nos bulles à travers son œil alerte, et Anne-Cécile Touzard, sans qui toute notre aventure ébullitions n’existerait pas 😉
Aujourd’hui, quelques mois après notre retour, nous souhaitons vous raconter nos aventures, des aventures encore bien présentent dans nos têtes et dans nos cœurs… Chaque journée a été extrêmement intense en rencontres, en images, en vécu, en découvertes.
Vendredi : Nos premiers pas en Israël… Nous retrouvons Romi, après un passage aux douanes plutôt serein voir joyeux : en effet tout le long de notre parcours nous avons échangé avec chacun des douaniers et attisé leur curiosité autour de notre matériel et des bulles de savon géantes. Résultat : les 99 douaniers rencontrés pendant notre séjour ont reçu une carte de visite ébullitions ;-). Les bulles sont de véritables laisser-passer.
Alors que nous nous attendions à trouver une température avoisinant les 20°C… il pleut, il fait froid, et nous gardons nos bonnets sur la tête !!! Pour notre premier soir il neige, Jérusalem n’avait pas vu ça depuis 2008 ! Cette neige annonce toutes les surprises que nous allons rencontrer durant ce séjour…
Samedi : Il fait toujours froid à Jérusalem les palmiers portent encore les traces des chutes de neige de la nuit.. mais on n’a peur de rien ! On enfile nos maillots de bain et équipés de notre matériel à bulles nous prenons la direction de la mer Morte. La route est dépaysante au possible, comme une impression d’être sur la lune… ou proche du désert Marocain… on ne sait plus bien, la température monte… la voiture indique 11°c… puis 15°c… à l’approche des rives… nos maillots de bain vont peut être servir !
Nous profitons de ce post pour ajouter un peu de théorie sur la mer Morte… merci monsieur Lonely Planet !
Yam HaMelah (mer de sel) en hébreu, « la mer morte est le point le plus bas du globe (411 m au-dessous du niveau de la mer). Elle s’étire sur à peu près 65 km de long pour 18 km de largeur maximale. La mer Morte est principalement alimentée par le Jourdain. L’évaporation due à la chaleur compense l’absence de débouché de ce lac fermé, mais contribue à en augmenter la concentration en sels minéraux dans d’énormes proportions. On flotte comme un bouchon à la surface de cette eau 10 fois plus salée que celle des océans ! Mais hélas, cette mer baisse de 1 mètre de niveau chaque année….. Encore combien d’années pour qu’on puisse encore y flotter ? »
Malgré les 15°c qui nous entourent ici, la température reste un peu froide selon certains d’entre nous… Un vent de courage (ou de folie..?) souffle sur nous et nous enfilons nos maillots de bain pour courir vers cette mystérieuse mer… Et là, qu’elle surprise : l’eau est presque chaude ! Nous profitons de la boue qui couvre les rives pour nourrir notre belle peau, et une fois tout couverts de cette glaise aux vertus vendues à travers le monde, c’est parti pour le grand plouf ! Euh… en fait non, non… on ne plonge pas dans la mer morte…: tout d’abord parce qu’on y flotte (impossible de s’immerger !!) mais aussi parce que l’eau nous brûlerait les yeux, par contre on s’y « baigne »…enfin… on s’y « trempe »… Et …oui…. c’est vrai ce que l’on raconte…. on y flotte !!! Sur le dos, sur le ventre. L’eau soulève tellement nos jambes qu’il est impossible de nager la brasse ! Les jordaniens de l’autre côté de la mer ont probablement entendu nos rires de surprises !!! Nous profitons aussi des sources d’eau chaude toutes proches… gorgées de souffre… quelle douce odeur ! Nous poursuivrons notre journée avec cette sensation étrange d’avoir sur le corps épaisse pellicule de sel… le tout bizarrement huileux…
Après cette baignade salée, nous sortons notre matériel à bulles ! Les rives de la mer morte pour accueillir nos premières bulles en territoire israélien : mieux qu’un rêve ! Des bulles énormes sortent de nos bulliers. Nous comparons le mélange de Romi avec le notre : match nul : les deux sont très performants ! Nous nous offrons un spectacle magnifique : le vent emmène nos bulles parfois vers la mer, parfois vers les montagnes, c’est beau, c’est terriblement beau ! Et puis… oh surprise ! Du jamais vu dans nos carrières de bulleurs : les nombreuses bulles qui sortent de nos multiboucles rebondissent sur la mer ! Elles n’éclatent pas en entrant en contact avec l’eau, elles ne se posent pas dessus comme nous l’avons souvent vu, non rien de tout ça : elles rebondissent ! La salinité de l’eau repousse-t-elle le film de la bulle ? Nous nous perdons en hypothèses scientifiques plus ou moins crédibles : peu importe : c’est merveilleux ! Mais plus que de parler de ce moment, il faut regarder les photos…
De retour à Jérusalem, la neige finit à peine de fondre… nous avons l’impression d’avoir fait un bien long voyage depuis ce matin… Nous avons bien mérité d’aller goûter « le meilleur homous du Moyen Orient » (selon les dires de Romi) !
La peau encore couverte de sel, nous nous préparons pour partir à Gaza le lendemain matin… Prendre le minimum est la principale consigne de Jean Mathiot, Directeur du Centre Culturel Français de Gaza. Il nous faut uniquement emporter ce dont on aura besoin : il faut que tout tienne dans son coffre : mais on a envie de tout emmener : pour buller mais aussi pour offrir, pour faire buller ceux que nous allons rencontrer là-bas, de l’autre côté du mur…
L’excitation est à son comble. Le partenariat avec le CCF de Gaza nous ouvre les portes des territoires occupés. Jean a fait les demandes de laisser-passer, même s’il ne croyait plus réussir à faire entrer des étrangers dans Gaza. Au final on a reçu une réponse positive 10 jours avant la D-date, habituellement les autorités transmettent la réponse la veille…. On sera le troisième groupe à avoir l’autorisation d’entrer en trois ans (via le CCF ben sûr !). Comme Jean nous l’a écrit….c’est incroyable. Demain nous et nos bulles irons à la rencontre des gazaouis… Nous sommes curieux et fiers même si nous ne savons pas encore vraiment bien ce qui nous attends…
Dimanche : 8h30, malgré les nombreux embouteillages de Jérusalem, Jean est à l’heure pour nous retrouver à l’hôtel. Belle performance ! Une légère tension se lit sur son visage : le temps est gris, pluvieux, froid à Jerusalem… Ah non, la météo ne peut pas nous empêcher de buller alors qu’on a réussi à avoir nos fameuses autorisations pour rentrer dans Gaza ! Jean nous explique : c’est la 3ème fois en 3 ans qu’il parvient à faire entrer des artistes à Gaza alors… nous avons besoin que la météo nous soutienne !
Nous voilà partis sur cette route qui mène vers la bande de Gaza, cette route qu’aucun panneau n’indique. Trouver la frontière d’Erez sans carte relèverait d’une véritable chasse au trésor… Ce lieu n’existe pas… Le paysage est encore très vert, il a plutôt beaucoup plu ces derniers temps, ce qui est vital dans ce coin du monde où l’eau manque tellement. Mais à priori dans un mois cette verdure deviendra jaune. Tout comme la neige est rare en Israël, le vert du paysage y est extra-ordinaire. Notre périple est rythmé par ce qui est extra-ordinaire…. On profite du trajet pour en apprendre un petit plus sur ce petit bout de terre de 360 km2, qui rassemble quelques 1.600.000 personnes dont 80% ont moins de 20 ans. L’ambiance s’alourdit dans la voiture… On le sait, on le sent, ce qu’on va voir, on en a entendu parler, mais dans la réalité qu’allons nous découvrir de l’autre côté de cette barrière ?
Le Centre Culturel Français de Gaza est le dernier « village gaulois ». Ce centre est la seule représentation diplomatique internationale dans la bande, et Jean, qui en est le directeur y est le seul représentant d’un pays étranger. L’ensemble des autres salariés sont palestiniens. Cette particularité l’amène à avoir un statut de vice-consul…!
Pour présenter le CCF, rien de mieux de reprendre ce qu’ils ont inscrit sur leur site www.consulfrance-jerusalem.org/L-Institut-Francais-de-Gaza. « Le CCF allie la culture, l’art et l’enseignement du français dans une villa qui se veut conviviale Le jardin, la terrasse et la cafétéria sont des lieu qui invitent à l’échange. Bien sûr le centre est mixte, ce qui semble aujourd’hui rare à Gaza. L’Institut dispose d’une galerie, d’une médiathèque, de deux salles de cours et d’une terrasse très agréable pour discuter avant ou après les cours.
Concernant ses activités culturelles, l’IF de Gaza fait partie du réseau des IF des Territoires Palestiniens (Jérusalem, Naplouse et Ramallah) et dépend par conséquent de la politique du réseau en ce qui concerne les événements culturels. Néanmoins l’IF organise des événements ponctuels (expositions, conférences, concerts) surtout après l’interdiction faite à toute demande d’entrée d’artistes dans Gaza depuis novembre 2008.
Les temps forts de l’année dans le calendrier culturel de l’Institut Français sont la fête de la francophonie en mars, la fête de la musique en juin, la Nuit Blanche en octobre, et le cinéma pour enfants tous les mois. Et, c’est systématique pour tous les événements qu’il organise, l’IF y réunit un public très nombreux (700 participants dans le jardin du Centre à la dernière Nuit Blanche par exemple).
L’IF de Gaza est une référence incontournable pour tout projet culturel mené dans la Bande de Gaza, du fait, aussi, qu’il y est actuellement le seul centre culturel étranger encore ouvert (le British Council fut brûlé en 2006). Il bénéficie d’une image très populaire, rendue positive par son ouverture même dans les moments les plus difficiles. Des événements culturels sont organisés au plus grand étonnement d’un public palestinien toujours plus nombreux au cinéma, aux concerts ou vernissages. »
Pendant que Jean nous explique tout ça, nous nous approchons de la frontière, nous commençons à mieux saisir qui est cet homme… le ciel devient de plus en plus bleu. Parfait, le temps sera avec nous pendant ces 24h ! Jean nous explique le passage de la frontière, qu’il nous attendra de l’autre côté, les gardes du corps seront là aussi avec la voiture blindée… Blindée ?! Petit temps de silence dans la voiture, on entend juste notre déglutition, quoi, hein, qu’est-ce ? Ah oui, évidemment ! On va à Gaza, mais nous n’avions pas vraiment pris conscience de ce besoin de protection rapprochée… Il y a un an, un journaliste italien trop sûr de lui dans les rues de Gaza a été assassiné. On comprend donc que cette protection sert surtout à ne pas tenter certains groupes extrémistes. On sera bien sûr très vigilants quant aux consignes données par Jean : ne pas se déplacer sans nos anges gardiens !
Lui passe avec sa voiture diplomatique, on lui laisse tout notre matériel à bulles pour nous éviter des explications trop nombreuses. En tant que voiture diplomatique, elle ne sera pas fouillée. On se charge du minimum aussi parce que les tourniquets par lesquels nous passons dans la barrière sont effectivement touts petits, rien que nous-même avec un petit sac à dos c’était juste… Un premier douanier vérifie nos passeports et nos laissez-passer. Jusque-là tout va bien. On rentre dans ce gigantesque et très moderne bâtiment qui ressemble plus à un aéroport qu’à un traditionnel passage de frontière. On attend… on attend encore un peu… puis encore… Quelques récits évoquent des attentes parfois très extravagantes au moment du passage… une fois à l’intérieur de ce gros bâtiment nous nous sentons tout petits, presque seuls dans ce grand hall où, bizarrement, nous chuchotons… sans trop savoir à quoi nous attendre !
Ça y est une douanière arrive ! Annaig passe la première, elle s’attends à un interrogatoire corsé, à devoir se justifier. « Il faut être sérieuse et toujours dire la vérité » : c’est ce qu’on nous a dit, ok, elle est prête ! Elle lui demande de prononcer son nom, Annaig s’exécute. Que vient-elle faire à Gaza ? Annaig lui parle des bulles : des grands yeux ronds s’affichent…Elle lui parle des enfants, du Centre Culturel Français et dégaine la carte « ébullitions » pour qu’elle puisse aller voir notre site et donc voir à quoi ressemble nos bulles. C’est avec un grand sourire qu’elle rend son passeport à Annaig. Ouf ! Ophélie passe en deuxième, elle lui pose les mêmes questions et l’interroge sur son travail : formatrice en travail social et à la fac + bulleuse.. Etrange… ! Madame la douanière est bien surprise par ces deux métiers bien différents, elles rigolent ensemble à l’idée que ses étudiants puissent découvrir sa secrète passion pour les bulles ! Sylvain aura le même interrogatoire mais à lui elle demande de préciser quelle est sa place dans notre trio : le chef bien sûr 😉 !! Au final ce passage de douane aura été beaucoup plus simple, courtois, même avec des échanges d’humour, bien loin de ce qu’on avait pu imaginer. Nos cartes de « bulleurs » semblent être de parfaits laissez-passer !
On poursuit notre chemin, à travers les différents tourniquets, les différentes portes et sas, dociles, nous suivons pas à pas les étapes de ce labyrinthe jusqu’à arriver à la porte 6… La fameuse porte 6… Face à cette emblématique et imposante porte en métal blanche, on attend. On a l’impression d’être dans une cour de prison, on ne rit plus. Un palestinien est avec nous, il nous fait comprendre qu’il faut qu’on attende, qu’Ils vont nous ouvrir la porte. On attend, un sentiment de mal être nous envahit… le temps semble brusquement très lourd face à cette porte, à l’ombre des miradors… Clic, elle est ouverte. On marche maintenant dans ce corridor long de 1,5 km, grillagé de chaque côté, à travers les fils de fer : c’est le no man’s land, zone interdite à l’homme… mais pas aux moutons ! A quelques mètres de nous, un troupeau de moutons bédouin broute l’herbe fraîche… Mais où sommes nous ? Où allons nous ?
Nous continuons d’avancer, peu de mots, le cœur bat, nous commençons à comprendre le caractère précieux de notre présence ici… c’est long 1,5km dans cette ambiance… les caméras sont là pour nous surveiller, l’envie de leur tirer la langue nous traverse la tête, mais on n’ose pas…on les regarde à peine.. c’est un peu bête peut être, Ils nous ont fait un accueil très gentil, mais Ils nous font encore un peu peur ces « Gardiens d’Erez »… La fin du corridor se rapproche… on commence à distinguer quelques kéfiés autour des cous, des phrases en arabe… On arrive à Gaza un autre monde nous accueil ! As-salâm aleïkoum Gaza ! السلام عليكم !
Jean, et les trois gardes du corps nous attendent. A bord de la voiture blindée nous traversons la bande de Gaza pour rejoindre le Centre Culturel Français. Les premiers immeubles à la frontière sont très abîmés et criblés de balles, ce sont forcément les plus touchés… Notre arrivée correspond à la sortie des classes; des centaines de jeunes garçons et filles en uniforme sortent de l’école. La circulation est plutôt dense et les klaxons largement utilisés. On apprend que les charrettes tirées par les ânes sont prioritaires sur les voitures « car elles n’ont pas de freins ! » Logique, Gaza fait partie de ces pays où l’on se demande à quoi servent les quelques panneaux de signalisation, pourtant la circulation y est fluide, même plutôt joyeuse !
Arrivés au CCF, nous découvrons un petit oasis à la pelouse verte, aux fiers palmiers accompagnés de calme et du chant des oiseaux… Tout ceci contraste avec le tumulte extérieur… Un vrai havre de paix avant de nous lancer dans cette folle journée ! Nous profitons de ce temps pour visiter et rencontrer toutes les personnes présentes autour d’un bon café arabe (de la cardamone est mêlée au café).
Si nous sommes désormais rassurés concernant la météo (un beau ciel bleu et une douce chaleur nous on accueillis de ce côté du mur), un autre soucis plane dans nos têtes de bulleurs : l’eau !
L’eau déminéralisée est idéale pour les bulles, mais pas toujours facile à trouver ici… L’eau du robinet est incertaine : parfois parfaite, parfois incompatible avec notre mélange nous ne pouvons jamais être sûrs de rien quand nous arrivons dans une nouvelle région… Jean nous ayant expliqué que la seule station d’épuration de Gaza a été détruite par les bombardements; l’eau n’est plus potable à Gaza… »Cette eau au taux de nitrates 6 fois supérieur au maximum conseillé par l’OMS » (Libération, 6/11/2009) sera-t-elle utilisable pour notre mélange ??
L’eau du robinet est souvent très correcte, mais il y a toujours une petite angoisse; toutes les eaux courantes ne sont pas les mêmes, et si une bactérie s’était installée dans l’eau… elle tuerait nos bulles et ruinerait toute possibilité de buller pour le public de Gaza !
Nous nous lançons donc rapidement dans les essais : Magnifique, extraordinaire, ça fonctionne, nos bulles tiennent, volent haut, sont grosses, et ont une belle espérance de vie :-). Nos inquiétudes s’envolent : l’eau de Gaza est parfaite pour les bulles !
Nos essais sont donc très concluants, déjà les personnes présentes au CCF commencent à apprivoiser nos bulliers, nos gardes du corps se prêtent au jeu, se marrent, se prennent en photo… Ces hommes au visage si sérieux lors de nos déplacements sont rapidement retombés en enfance… La météo est avec nous, l’eau aussi, même Jean commence à jouer, les bulles volent dans le jardin du CCF et nous avons le sentiment qu’elles commencent à diffuser leur magie sur Gaza 🙂
Cet après midi nous allons buller au Centre Qattan pour l’enfant. « Ce centre propose des activités destinées aux enfants de 4 à 12 ans, sans distinction de sexe, de religion ou d’origine familiale. La mission de ce centre, créée par un homme d’affaire palestinien, Abd Elmohsen Qattan qui réside à l’étranger, et soutenu par plusieurs associations et organisations internationales, est d’encourager la créativité des enfants gazaouis et de leur donner l’occasion d’exprimer leurs envies, leurs besoins, voire leurs idées, à travers les jeux, les loisirs, l’ordinateur et l’animation. Actuellement, il y a plus de 15 000 enfants inscrits dans le centre.
Sa particularité est d’inviter les parents à des réunions régulières, afin de les informer des capacités créatrices et imaginatives de leurs enfants ; et, en tenant compte de ces capacités, il est proposé aux enfants d’intégrer les différents groupes du centre, comme le groupe de théâtre, celui de danse ou celui d’art plastique.
Dans l’actuelle situation de blocus et malgré les difficultés économiques, voire l’absence de lieux de loisirs pour les enfants surtout après leurs cours ou pendant les vacances scolaires, le centre Qattan reste un lieu préféré et privilégié où les enfants de Gaza peuvent développer leurs capacités en lecture, en écriture et faire connaître leurs talents, malgré les privations de cette région sinistrée« . Parallèlement à notre collectif de bulleurs nous travaillons tous les trois dans le monde de l’éducation spécialisée. En visitant le centre Qattan nous avons été particulièrement marqués par la beauté de ce lieu, l’ambiance qui règne ici, la joie de vivre, de jouer, de créer… tout semble tellement bien imaginé pour les enfants que certains centres d’animation français devraient prendre exemple :-).
C’est par quelques 400 enfants que nous sommes accueillis ! Nous sommes très impressionnés, peut être même un petit peu effrayés par ce beau public. Nous ferons notre spectacle de bulles au milieu d’un public chantant, de très beaux échanges se créent entre eux et nous. Tous ces enfants renvoient une immense énergie, leurs chansons au rythme des bulles, leurs rires provoquent chez nous trois une émotion difficilement contrôlable… Il est assez difficile d’apprendre à un grand groupe d’enfants à regarder les bulles, à souffler dessus, à respecter la bulle, et à dépasser l’instinct de les éclater. Sans barrière de langue c’est déjà compliqué mais là nos quelques mots d’arabes nous semblaient bien insuffisants pour tout dire… Et pourtant aujourd’hui, cette relation là a pu se créer assez aisément au delà de la barrière de la langue, des échanges incroyables ont eu lieu : un grand merci aux éducateurs qui ont été extrêmement soutenants et professionnels ! Cet après midi là restera longtemps dans nos cœurs…
Après le spectacle nous avons pris le temps de faire un workshop avec les éducateurs. Le but étant qu’ils puissent perpétuer les bulles au centre tout au long de l’année, et aussi autant que possible lors du summer camp organisés par l’UNRWA (immense camp regroupant 250000 enfants enfants sur la plage de Gaza). Nous leur donnons des explications pour construire les bulliers avec les enfants, réaliser le mélange à bulles de savon géantes.
Le temps passe bien vite, et nous devons maintenant retrouvez notre voiture blindée pour retourner au CCF et y présenter notre spectacle. Bien sûr ce centre est ouvert à tous. Nous y trouvons un public familial, de tout âge, curieux de voir ce que peuvent être ces mystérieuses bulles de savon géantes. Nous faisons la connaissance d’un public très dignes, des personnes qui se sont visiblement apprêtées pour l’occasion. Ce soir nous présentons pour la première fois les bulles bleues ! Jusqu’à maintenant nous avions évité de les réaliser en public afin d’éviter de « colorier » les personnes en bleu, mais nous souhaitons tenter l’aventure tout en prévenant les parents et les enfants de rester à distance ! Le succès est étonnant, émouvant, joyeux : ce soir les gazaouis présents nous dirons eux-même que pour une fois ils ont regardé le ciel pour sa beauté et sa poésie, un spectacle qu’ils préfèrent largement à celui des bombes !
Après notre présentation, le jardin du CCF est envahi d’apprentis bulleurs gazaouis ! Chacun s’empare du matériel et s’essaye à l’art de la bulle de savon géante. Nous savourons… Petits et grands s’amusent, rient, s’essayent à de nouvelles techniques, de nouvelles chorégraphies. Chacun se mouille et se salit mais prend plaisir ! Nous prenons le temps d’échanger avec les invités. Il est bien peu courant de voir des gens de l’extérieur venir chez eux. Chacun est surpris par les bulles, l’art de l’inutile…
Jusqu’au bout nous aurons de la chance : même le groupe électrogène a eu la gentillesse d’attendre que tous les invités soient partis pour se mettre en marche ! Son vrombissement aurait à coup sûr gâché la magie du spectacle !
Pourtant il est fréquent qu’il se mette en marche, l’électricité est une énergie rare et bien aléatoire… Nous profitons de cette dernière soirée pour offrir nos bulliers et produits, (d’ailleurs certains gardes du corps espéraient bien avoir quelques restes pour répondre à leur nouvelle addiction et surprendre leurs enfants :-))
Après cette belle journée, Jean nous emmène découvrir les délices de la pêche de Gaza dans un restaurant sur la côte, un régal ! La pêche s’appauvrit terriblement depuis plusieurs années du fait de la pollution et des restrictions israéliennes limitant la zone de pêche à 6 miles des côtes… (là où les égouts se déversent…)
Lundi: Nos dernières bulles à Gaza nous les lançons au petit matin depuis notre hôtel qui donne sur la mer. Nous n’avons officiellement pas le droit d’aller sur la plage puisque nous sommes sans nos anges-gardiens-bulleurs. Alors nous profitons de la grande terrasse. Des enfants qui sont sur la plage s’approchent, nous demandent s’ils peuvent nous prendre en photo (c’est bien la première fois qu’on nous pose cette question lors d’un voyage !). Des ouvriers, occupés à reconstruire un bâtiment voisin grimpent sur le côté de la terrasse pour nous voir de plus près, émus par nos aventures de la veille nous profitons de ces derniers moments ici… L’idée de retraverser le passage d’Erez dans l’autre sens commence à nous rendre tristes…
C’est ici qu’on se dit au revoir avec Jean. Encore une fois un grand merci à toi pour cet accueil, pour tout ce que tu as pu partager avec nous sur la vie à Gaza et les gazaouis, et pour tout ce que tu y fais !
On repart pour la frontière avec nos deux gardes du corps. 24h très intenses mêlées de plaisir, de colère, d’humilité, de satisfaction, d’enrichissement personnel…
Dernières photos avec nos protecteurs, on envisage de buller devant le mur, devant les soldats. On a avec nous notre dernière bouteille de mélange à bulles, on hésite… on n’ose pas… on tâtonne… A priori on n’a que 20 minutes pour passer côté israëlien avant la pose déjeuner. Il nous faut faire vite : Marion du CCF de Jérusalem Est nous attend de l’autre côté de la barrière et nous avons un programme chargé qui nous attend là bas !
Mais nous prenons le temps de dire aurevoir à nos gardes du corps devenus bulleurs. C’est un comble : nous ne voulons pas partir de Gaza ! On voudrait rester encore, alors qu’eux rêvent de pouvoir aller voir de l’autre côté de ce satané mur… C’est avec la gorge nouée que nous retraversons le corridor en silence, l’émotion est à son comble… 5 minutes sont nécessaires avant que l’on n’échange à nouveau quelques mots… Nos premières paroles : « on a un visa de 6 mois, il faut absolument qu’on revienne buller à Gaza ». Inch Allah…. Notre traversée nous paraît encore très longue, Ophélie prend quelques photos malgré les caméras…
On arrive côté israélien. Ce nouveau passage de douane est encore plus spectaculaire qu’à l’aller. On passe différents sas, il y a toujours une porte derrière une porte, un scan corporel qui parle ;-), ils y voient tout!, même les cartes de visite dans la poche de chemise de Sylvain ! On a évidemment une fouille intégrale de nos sacs, ils en vérifient bien sûr le contenu, et y passent partout la petite lingette récupératrice de résidus d’explosifs. Ouf, on passe tout va bien, sauf qu’Annaig réalise qu’il lui manque une boucle d’oreille. Elle est bien décidée à ne pas repartir sans ma sans ma super boucle ! Elle cherche, Sylvain, Ophélie cherchent aussi, et puis les douaniers cherchent aussi, et puis un homme portant une kalachnikov cherche aussi à 4 pattes sous la table. Scène merveilleuse d’autant plus qu’Annaig finit par la retrouver…dans son sac !
Il ne nous reste plus à qu’à passer le poste qui vérifie nos passeports. Mais dommage pour nous… la douanière est en pause café…. On attend donc, et on attend encore, 1 heure, peut être plus… on ne sait plus… Le hall d’attente est très grand, pourtant en même temps que nous il y a seulement une famille de l’autre côté de la frontière. Elle entre à Gaza. Pour elle, ce temps de passage aura été très long aussi, le bébé aura même le temps de prendre son biberon pendant que les parents répondent aux questions.
Ca y est madame la douanière revient, Annaig passe la première. Éternel interrogatoire ; comment vous appelez vous ? Qu’est ce que vous êtes venus faire à Gaza ? Hein, quoi des bulles ? pour des enfants ? Mais c’est super, ils ont aimé ? Annig donne la carte « ébullitions », elle ira voir notre site… Bonjour à Madame si un jour elle nous lit !
Ophélie arrive, la douanière compatit sur le temps d’attente. Puis commence un échange sur les bulles, madame parle de son fils qui en faisait dans son bain avec du bain moussant de couleur. Excitation intense d’Ophélie, hein, quoi du bain moussant de couleur, mais c’est ce qu’il nous faut ! S’en suit une discussion de comptoir sur les différentes boutiques où on pourrait trouver ce produit miracle… pas vraiment un interrogatoire musclé de passage de douane entre deux pays en guerre ! Les bulles sont vraiment un laissez-passer incroyable !
Enfin nous retrouvons Marion, qui nous attend depuis 1H30 de ce côté du mur… le temps prends une autre valeur à Erez…
Au revoir Gaza, au revoir les gazaouis, nous sommes fiers de vous avoir rencontrés et d’avoir partagé nos bulles avec vous. On ne peut que vous souhaiter de garder votre énergie et de vous préserver dans ce monde dans lequel vous vivez. A tous ceux que nous avons croisés, que ce soit au Centre Culturel Français ou au Centre Quattan, sachez que vous faîtes un merveilleux travail qu’on ne peut que saluer : l’art et la culture sont des trésors d’expression, de libération d’âme, de vie. Bravo et Merci !
Après notre retour, Jean nous a écrit cette petite phrase qui résume parfaitement nos sentiments: « Un grand merci à vous de cette générosité. Des bulles ont traversé le ciel gazaoui, c’est transparent, léger comme l’air, éphémère et beau ! Donc indispensable. »
Première page de l’expédition d’ébullitions en Israël et en Palestine qui durera 10 jours. Romi Shamai, bulleur Israëlien nous a invité à venir participer au Festibubbles qu’il organise avec le musée scientifique Bloomfield de Jérusalem du 8 au 10 mars. Bien sûr qu’on voulait y être !!!
Un partenariat s’est construit entre ébullitions et les Centres Culturel Français de Jérusalem ouest, Jérusalem est, Gaza et l’Alliance française de Bethléem. En préparant notre voyage, il nous semblait évident à tous les trois que nos bulles allaient traverser Israël et la Palestine. Enfin, comme un beau voyage se partage, nous avons invité à se joindre à nous; Benoît Cassegrain, notre cher ami photographe qui immortalise nos bulles à travers son œil alerte, et Anne-Cécile Touzard, sans qui toute notre aventure ébullitions n’existerait pas 😉
Aujourd’hui, deux mois après notre retour, nous souhaitons vous raconter nos aventures, des aventures encore bien présentent dans nos têtes et dans nos cœurs… Chaque journée a été extrêmement intense en rencontres, en images, en vécu, en découvertes.
Vendredi : Nos premiers pas en Israël… Nous retrouvons Romi, après un passage aux douanes plutôt serein voir joyeux : en effet tout le long de notre parcours nous avons échangé avec chacun des douaniers et attisé leur curiosité autour de notre matériel et des bulles de savon géantes. Résultat : les 99 douaniers rencontrés pendant notre séjour ont reçu une carte de visite ébullitions ;-). Les bulles sont de véritables laisser-passés.
Alors que nous nous attendions à trouver les 20°C promis, il pleut, il fait froid, et nous gardons nos bonnets sur la tête !!! Pour notre premier soir il neige, Jérusalem n’avait pas vu ça depuis 2008 ! Cette neige annonce toutes les surprises que nous allons rencontrer durant ce séjour…
Samedi : Il fait toujours froid à Jérusalem les palmiers portent encore les traces des chutes de neige de la nuit.. mais on n’a peur de rien ! On enfile nos maillots de bain et équipés de notre matériel à bulles nous prenons la direction de la mer Morte. La route est dépaysante au possible, comme une impression d’être sur la lune… ou proche du désert Marocain… on ne sait plus bien, la température monte… la voiture indique 11°c… puis 15°c… à l’approche des rives… nos maillots de bain vont peut être servir !
Je profite de ce post pour ajouter un peu de théorie sur la mer Morte….merci monsieur Lonely Planet !
Yam HaMelah (mer de sel) en hébreu, « la mer morte est le point le plus bas du globe (411 m au-dessous du niveau de la mer). Elle s’étire sur à peu près 65 km de long pour 18 km de largeur maximale. La mer Morte est principalement alimentée par le Jourdain. L’évaporation due à la chaleur compense l’absence de débouché de ce lac fermé, mais contribue à en augmenter la concentration en sels minéraux dans d’énormes proportions. On flotte comme un bouchon à la surface de cette eau 10 fois plus salée que celle des océans ! Mais hélas, cette mer baisse de 1 mètre de niveau chaque année….. Encore combien d’années pour qu’on puisse encore y flotter ? »
Malgré les 15°c qui nous entourent ici, la température reste un peu froide selon certains d’entre nous… Un vent de courage (ou de folie..?) souffle sur nous et nous enfilons nos maillots de bain pour courir vers cette mystérieuse mère… Et là, qu’elle surprise : l’eau est presque chaude ! Nous profitons de la boue qui couvre les rives pour nourrir notre belle peau, et une fois tout couverts de cette glaise aux vertus vendues à travers le monde, c’est parti pour le grand plouf ! Euh… en fait non, non… on ne plonge pas dans la mer morte…: tout d’abord parce qu’on y flotte (impossible de s’immerger !!) mais aussi parce que l’eau nous brûlerait les yeux, par contre on s’y « baigne »…enfin… on s’y « trempe »… Et …oui…. c’est vrai ce que l’on raconte…. on y flotte !!! Sur le dos, sur le ventre. L’eau soulève tellement les jambes qu’il est impossible de nager la brasse ! Les jordaniens de l’autre côté de la mer ont probablement entendu nos rires de surprises !!! Nous profitons aussi des sources d’eau chaude toutes proches… gorgées de souffre… quelle douce odeur ! Nous poursuivrons notre journée avec cette sensation étrange d’avoir sur le corps épaisse pellicule de sel… le tout bizarrement huileux…
Après cette baignade salée, nous sortons notre matériel à bulles ! Les rives de la mer morte pour accueillir nos premières bulles en territoire israélien : mieux qu’un rêve ! Des bulles énormes sortent de nos bulliers. Nous comparons le mélange de Romi avec le notre : match nul : les deux sont très performants ! Nous nous offrons un spectacle magnifique : le vent emmène nos bulles parfois vers la mer, parfois vers les montagnes, c’est beau, c’est terriblement beau ! Et puis… oh surprise ! Du jamais vu dans nos carrières de bulleurs : les nombreuses bulles qui sortent de nos multiboucles rebondissent sur la mer ! Elles n’éclatent pas en entrant en contact avec l’eau, elles ne se posent pas dessus comme nous l’avons souvent vu, non rien de tout ça : elles rebondissent ! La salinité de l’eau repousse-t-elle le film de la bulle ? Nous nous perdons en hypothèses scientifiques plus ou moins crédibles : peut importe : c’est merveilleux ! Mais plus que de parler de ce moment, il faut regarder les photos…
De retour à Jérusalem, la neige finit à peine de fondre… nous avons l’impression d’avoir fait un bien long voyage depuis ce matin… Nous avons bien mérité d’aller goûter « le meilleur homous du Moyen Orient » (selon les dires de Romi) !
La peau encore couverte de sel, nous nous préparons pour partir à Gaza le lendemain matin… Prendre le minimum est la principale consigne de Jean, Directeur du Centre Culturel Français de Jérusalem. Il faut qu’on emmène uniquement ce dont on aura besoin : il faut que tout tienne dans son coffre : mais on a envie de tout emmener : pour buller mais aussi pour offrir, pour faire buller ceux que nous allons rencontrer là-bas, de l’autre côté du mur…
L’excitation est à son comble. Le partenariat avec le CCF de Gaza nous ouvre les portes des territoires occupés. Jean a fait les demandes de laisser-passers, même s’il ne croyait plus réussir à faire entrer des étrangers dans Gaza. Au final on a reçu une réponse positive 10 jours avant la D-date, habituellement les autorités transmettent la réponse la veille…. On sera le troisième groupe à avoir l’autorisation d’entrer en trois ans (via le CCF ben sûr !). Comme Jean nous l’a écrit….c’est incroyable. Demain nous et nos bulles irons à la rencontre des gazaouis… Nous sommes curieux et fiers même si nous ne savons pas encore vraiment bien ce qui nous attends…
Woaw. Fantastic photos. Thank you so so much for sharing and for being such wonderful people.
🙂 Helle
Bravo à Sylvain et à son équipe, superbe initiative pour une diplomatie par les Bulles, un bel exemple pour mettre en place des passerelles inter-culturelles pour faire avancer la Paix dans le monde, un oncle admiratif
je suis sans voix , émmerveillée par votre désir gratuit d’humanité , c’est fou , c’est tellement beau . Que de larmes de joies et de frissons mêlés , en suivant votre récit! les bulles sont libres tout comme tout un chacun devrait l’être. Encore merci , et , Chana Tova pour l’année 5773 …
thank you for your report. It is refreshing. I hope that all you met can experience ‘shalom.’